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La rue de Rennes sans voitures

Lorsque nous avons engagé une action de terrain en faveur d'un " axe sans voitures " qui traverserait tout Paris, comme préfiguration du " Réseau Vert " et que la rue de Rennes fut choisie pour constituer le premier segment de cet axe, il était indispensable de connaître l'opinion des habitants de la rue. C'est pourquoi nous avons effectué pas moins de deux enquêtes pour la cerner : un questionnaire écrit et un sondage téléphonique classique

Le questionnaire

Le questionnaire a été déposé dans les boîtes aux lettres et a été proposé aux passants à l'occasion de plusieurs stands tenus sur la rue, l'un d'entre eux l'ayant été à l'occasion de la journée sans voitures, le 22 septembre 2000. Il ne s'adressait pas uniquement aux habitants de la rue mais ceux-ci pouvaient être identifiés s'ils nous laissaient leur adresse. Cette manière de procéder nous rendait tributaires de l'acceptation de ceux à qui nous le proposions et pour cette raison ne permettait pas de connaître avec exactitude l'opinion des habitants de la rue. En revanche, ce questionnaire était un bon moyen pour sensibiliser la population à notre proposition et d'engager avec elle un dialogue fructueux. Nous avons obtenu 375 réponses et parmi celles-ci 81 réponses d'habitants de le rue de Rennes.

Il n'est pas surprenant de constater que les trois questions environnementales aient provoqué une quasi unanimité pour dénoncer les nuisances provoquées par la circulation automobile. Les termes choisis, pollution, bruit, envahissement, ne prêtaient guère à la dispersion des résultats. Il est cependant notable que les différentes nuisances ne sont pas ressenties avec la même intensité . La gêne due au bruit et à l'encombrement l'emporte sensiblement avec un score de 82%, pour l'appréciation " beaucoup " sur la pollution de l'air qui doit se contenter d'un score plus modeste de 72%.

Les personnes interrogées admettent dans leur majorité que la suppression de la circulation automobile serait favorable au commerce mais sur cette question les avis sont moins nets et plus dispersés, les habitants de la rue se montrant plus réticents que les autres.

La question finale " êtes-vous favorable à l'interdiction des voitures dans la rue de Rennes ? " emporte une très large adhésion pour l'adoption de la mesure : 69% pour " beaucoup " et 83% pour " beaucoup " et " un peu ". Les personnes interrogées approuvent notre proposition, c'est le principal enseignement de notre enquête.

Outre les questions fermées, le questionnaire invitait les personnes interrogées à exprimer leur point de vue par des commentaires et ils ne se sont dans l'ensemble pas privés, pour la plupart d'entre eux de dire à quel point la mesure proposée les enthousiasmait (fantastique, bravo, génial, un rêve, continuez, allez-y, vous êtes sur la bonne voie, avec des arbres et des fontaines, etc)

Le sondage téléphonique

Ce sondage a été conçu pour donner une image fidèle de l'opinion des habitants de la rue de Rennes. Selon une méthodologie rigoureuse, les personnes sondées ont été tirées au sort à partir de la liste des abonnés au téléphone fournie par France Télécom, ce qui a permis la constitution d'un échantillon représentatif (110 personnes interrogées sur un total de 2000 adresses).

Les précautions méthodologiques adoptées n'ont pas permis d'éviter certains " biais ", c'est-à-dire des causes d'erreurs. Il y a les personnes qui refusent de répondre, mais celles-ci sont peu nombreuses. L'approche des habitants par le téléphone à partir de la liste des abonnés laisse de côté ceux qui sont inscrits sur la " liste rouge " ainsi que ceux qui ayant adopté le portable ont abandonné la téléphonie fixe. Nous faisons l'hypothèse que ces parties non atteintes de la population-cible ne présentent pas des caractéristiques si différentes qu'elles mettent en cause la validité de notre sondage, au niveau de précision où il se situe.

Premier résultat encourageant du sondage téléphonique : celui-ci révèle que l'action de l'Association en faveur d'une " rue de Rennes sans voitures " a été repérée par la moitié des habitants. L'impact de notre campagne, conduite avec des moyens matériels limités se situe à un niveau qui ferait pâlir de jalousie n'importe quel publicitaire.

Les deux principaux résultats du sondage peuvent être résumés en une phrase : si 2/3 des habitants de la rue souhaitent la suppression de la circulation automobile 1/3 seulement pensent qu'il s'agit là d'un projet réaliste.

La comparaison entre questionnaire écrit et sondage téléphonique montre un écart dans les réponses. Dans une proportion de 82%, les personnes interrogées par le questionnaire ont approuvé notre proposition alors que ce taux tombe à 67% chez ceux qu'on a été chercher chez eux selon un critère purement aléatoire. En tout état de cause, les deux enquêtes montrent que notre proposition est bien perçue par les principaux intéressés. La différence constatée s'explique aisément . Par la manière dont il a été distribué, le questionnaire a s électionné une population plus favorable à nos idées, les personnes sollicitées ayant eu le choix d'y répondre ou de passer leur chemin et ceux qui avaient de la sympathie pour notre démarche étaient davantage enclins que les autres à nous consacrer un peu temps. Le sondage lui ne présentait pas cet inconvénient, car il s'adressait à l'échantillon représentatif des habitants de la rue que nous avions constitué.

 

Cette analyse a été réalisée par Patrick Eon-Duval et Henry Fay.

Paris 27 février 2001

Pourquoi autoriser le stationnement sur les trottoirs et les contre-allées ? (Michel, 14 e )

 
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